12 janvier 2023
La décision récente du Centre de services scolaire du Pays-des-Bleuets de procéder à une réorganisation de ses services afin de contrer les effets de la pénurie de main-d’œuvre surprend.
Au début de l’année scolaire, le même organisme scolaire avait une liste d’attente pour les parents qui désiraient que leur enfant fréquente le service de garde en milieu scolaire. La pénurie frappait fort avec 250 places à trouver. Un autre centre de services scolaire de la région du Saguenay-Lac-St-Jean a pris la décision d’offrir une formation aux élèves de 5e et de 6e année pour qu’ils demeurent seuls à la maison plutôt que de rester à l’école après les heures de classe.
La situation est critiquée puisque des éducatrices en service de garde ont des groupes dont les ratios sont dépassés. De plus, des techniciennes en éducation spécialisée sont épuisées, car elles sont toujours dans l’urgence.
La pénurie de main-d’œuvre amène des coupures de services dont les enfants auraient besoin. Le milieu scolaire cherche constamment des solutions pour régler ces problèmes. Nous aurons beau supprimer des classes de maternelle 4 ans et demander encore davantage à du personnel surmené, cela ne règlera rien et ne fera que déplacer les problèmes.
Les organismes scolaires doivent composer avec des règles budgétaires qui les amènent à prendre des décisions administratives d’équilibre comptable sans tenir compte des besoins de l’enfant. Ils offrent des postes de 12 heures à une éducatrice qui finit par se trouver un autre emploi qui offre plus d’heures ailleurs, alors qu’elle pourrait continuer d’offrir d’autres services aux élèves. Ils gèrent un problème financier avec les impacts que nous vivons.
Ces décisions balaient les difficultés ailleurs et la tentation devient encore plus forte de couper et de tendre l’élastique jusqu’à un point de non-retour qui est maintenant atteint. Les élèves doivent se contenter des services de base et les conditions de travail du personnel se dégradent un peu plus chaque jour. Le gouvernement a répété ad nauseam que l’éducation était une priorité, mais cela doit être suivi par des gestes concrets. Il arrive trop fréquemment que les directives ministérielles ne se rendent pas dans les milieux et que la crainte des coupures budgétaires au prochain budget provincial vienne tout chambouler leurs prévisions.
Les organismes scolaires sont en train de planifier la prochaine année scolaire et ils ne savent toujours pas si les mesures budgétaires actuelles seront reconduites. Les calendriers scolaires ne débutent pas en janvier, mais en septembre. L’organisation des services éducatifs est donc toujours à contrecourant, alors que les autres ministères considèrent les années fiscales.
Les membres de notre fédération nous parlent constamment d’aberrations administratives qui nuisent aux services offerts aux élèves et qui ne font qu’aggraver les conditions de travail. Il ne faut pas seulement recruter de nouvelles personnes, il faut qu’elles demeurent en poste.
Les classes de maternelle 4 ans et les services de garde en milieu scolaire sont nécessaires, ils ont été créés pour répondre à des besoins qui ne font que grandir d’année en année. La qualité des services aux élèves est affectée, alors qu’il faut les maintenir et les améliorer. Il faut éviter de se retrouver devant un constat d’échec et réaliser trop tard les impacts négatifs chez les jeunes. Il faut tout mettre en œuvre pour que notre système d’éducation accomplisse sa mission.
Éric Pronovost, président de la Fédération du personnel de soutien scolaire (FPSS-CSQ)